Première catastrophe minière

Le 14 mars 1919, le dépôt d'explosifs situé au fond de la mine Reichsland (Fernand) à Wittenheim, explose en début de poste du matin, tuant 13 mineurs. Rétrospective.

IL Y A 80 ans - s'est produite la première catastrophe minière du Bassin potassique sur le ban de la commune de Wittenheim, provoquant la mort de 13 mineurs..

À Wittenheim quatre puits de mine sont en activité depuis 1913 et fournissent à la fin de la première guerre mondiale environ 80 % de la production du Bassin. Au nord de la commune, se situent les puits Théodore et Prince Eugène et, au sud, la mine Reichsland avec ses puits est et ouest. La société minière Reichsland comprenait les concessions Fernand et Anna d'une surface totale de 1800 ha). La mine Anna, située au sud-ouest n'est pas encore exploitée. La mine Reichsland emploie au fond environ 600 personnes, réparties en quatre postes d'une durée de six heures chacun. L'extraction s'effectue par les puits est et ouest reliés entre eux par une galerie. Des niches, creusées perpendiculairement, abritent des magasins et le dépôt de munitions.

EXPLOSIF INCANDESCENT

Ce vendredi matin 14 mars 1919, comme à chaque début de poste, le chef-mineur distribue les explosifs nécessaires à l'abattage du minerai, aidé du responsable du dépôt. À 6 h 15, ce dernier constate la présence d'explosif incandescent dans le fût qu'il vient d'ouvrir. Celui-ci s'embrase instantanément au contact de l'air. L'ordre d'évacuer la mine est donné. Comme on est en hiver, la majorité du personnel rejoint le puits ouest, puis la sortie d'air chaud, tandis que quelques équipes remontent le puits est, puits d'entrée d'air. Au puits ouest, le surveillant Heinimann fait remonter quatre cages dans l'ordre et la discipline. Alors que la cinquième cage s'apprête à remonter le reste du personnel, l'explosion se produit. Cette première catastrophe minière du Bassin potassique provoque la mort de 13 mineurs encore présents au fond de la mine. Les secours s'organisent rapidement, renforcés par des équipes venues des mines voisines de Théodore et Marie-Louise, équipées d'appareils respiratoires. L'accès du puits ouest étant devenu impossible par le fond du puits est et l'ascenseur du puits ouest étant bloqué, les sauveteurs descendent par les échelles fixes du puits. Un seul mineur Edouard Roecklin, est encore en vie quand on le ramène au jour par le même chemin. Mais il décédera dans la nuit à l'hôpital du Hasenrain de Mulhouse. L'enterrement des victimes a lieu dimanche 16 mars 1919. Devant les 13 cercueils alignés sur le parvis de l'église de Wittenheim, le commandant Belugou du Service des mines est le premier à rendre hommage aux victimes : « Présent parmi vous depuis bientôt quatre mois, je connais le dur métier que vous exercez : métier qui veut qu'un hasard malheureux, le manque de savoir-faire ou de sang-froid d'un seul mineur, peut mettre en danger la vie de tous les autres.» C'est ensuite au préfet d'assurer que la France n'oubliera jamais les victimes de cette tragédie. Le dernier orateur de langue française a été le lieutenant Chaix, directeur et séquestre de la mine Reichsland. Il a surtout cité en exemple le courage et l'abnégation du responsable des cordées Heinimann et du signaleur Bientz, qui ont accompli si consciencieusement leur travail. Tous ces discours ont été traduits simultanément en alsacien par l'adjudant Conrad.

EXPULSIONS

Cette catastrophe est survenue dans la période floue après l'Armistice, alors que les commissions de triage étaient en pleine activité. Créées pour classer les Allemands en deux catégories, neutres ou anti-français, ces commissions ne s'embarrassent guère et expulsent toutes les familles allemandes. Les listes des expulsés sont régulièrement publiées dans les journaux régionaux. Par ailleurs, le 3 mars un entrefilet sous Wittenheim dans le « Mülhauser Tagblatt » indique qu'un lot d'Allemands d'origine, comprenant des familles d'employés des Mines - dont celle du directeur de la Mine Reichsland - a été reconduit de l'autre côté du Rhin. Ces expulsions, d'autres méthodes d'exploitation et l'utilisation de nouveaux explosifs ont probablement eu leur part de responsabilité dans cette catastrophe, qui n'a malheureusement pas été la dernière....

La mine Fernand, en activité depuis 1913 au sud de Wittenheim, employait environ 600 personnes au fond, réparties en quatre postes, au moment de l'accident.

Article du journal l'Alsace.